Actualités internationales de la recherche sur les groupes et les liens intersubjectifs
8-10 oct. 2015 LYON (France)

Abstracts des interventions en ateliers thématiques

Atelier 1 : Groupe et corps


1. L'expérience corporelle partagée

Cynthia Touah - Marc Hayat 
Université Paris V - Paris Descartes
71, avenue Edouard Vaillant 92774 Boulogne-Billancourt Cedex -  France
 
Le travail institutionnel avec les patients psychotiques s'appuie en partie, sur le partage d'activité (ateliers, sorties, séjours) effectuées en commun, patients et soignants. Outre l'aspect socialisant voire éducatif de ces activités, c'est la relation instaurée avec ces patients qui est mobilisée dans ces situations du vivre ensemble.

Parfois à l'occasion de séjours de plusieurs jours avec le partage de la vie quotidienne, de l'organisation de fêtes, de préparation de spectacle, de participation à des compétitions tel que des régates, l'engagement des soignants transforme cette relation et modifie après coup les échanges au sein de l'ensemble de l'institution. Ces moments de forte tension émotive, éprouvée dans son corps, tel que le trac avant un spectacle, la peur éprouvée lorsque la mer est agitée, l'inquiétude que l'on peut ressentir dans un pays dont on maîtrise mal ma langue est partagée par les patients. C'est ce que nous appelons l'Expérience Corporelle Partagée (ECP).

L'effet traumatique de ces ECP, le collapsus topique que cela peut entrainer, nécessite que les soignants puissent s'appuyer sur le fonctionnement du groupe pour « sortir » de ces situations et retrouver une position méta. 

Quelles sont les conditions institutionnelles pour que ces ECP puissent à la fois avoir lieu et avoir un effet thérapeutique ?

Que se passe-t-il dans ces ECP ? Dans ces moments où nous sommes amenés à réactualiser des expériences archaïques tel que peuvent les vivres le nourrisson et l'infans soumis à de multiples sollicitations venues tant du monde extérieur que de son corps propre. Il va donner un sens à ces sensations grâce au dialogue dans l'accordage affectif avec sa mère et dans la répétition de ces expériences. C'est ce processus qui serait en souffrance chez le patient schizophrène.

Notre réflexion s'appuie sur l'hypothèse théorique que développe V. Tausk dans "La machine à influencer le schizophrène" : Il existe d'emblé un moi psychique qui doit coloniser ou s'approprier subjectivement le moi corporel.

A l'occasion de ces ECP et pendant leur durée, dans le cadre d'un fonctionnement groupal et institutionnel adéquat, l'échange avec les patients s'appuie sur un autre accordage affectif, la relation instaurée s'en trouve renforcée et la dynamique groupale et institutionnelle réinterrogée.

Peut-on penser ces ECP dans d'autres situations groupales telles que la famille, l'école, l'entreprise ?

 

2. Contenance thérapeutique groupale pour l’adolescente « décontenancée » au moment de l’amaigrissement


Sanahuja ALMUDENA

Maître de conférences (EA 3188), psychologue clinicienne, psychothérapeute


Cette présentation émerge de dix années de pratique professionnelle en tant que psychologue clinicienne au sein d’une maison d’enfants à caractère sanitaire et sociale dont sa mission est d’accueillir et de traiter des adolescents atteints d’obésité majeur. Nos observations et notre travail de recherche ont mis en évidence que pour perdre du poids, ces jeunes filles ont besoin d’être contenues psychiquement et physiquement. En effet, au moment de l’amaigrissement elles vivent un phénomène de décontenancement. Ces adolescentes mettent alors à bas leurs mécanismes de défenses qu’elles ont construits à travers leur obésité. Elles s'exposent à une fragilité de leur équilibre psychique, se traduisant par l’existence d’angoisse, de dépression et d’agressivité. Ces adolescentes vivent une perte de « soi » touchant à leur identité qui se manifeste par différents phénomènes. D’une part, elles continuent à se percevoir comme obèses ce qui renvoie à
la question de l’image inconsciente du corps. D’autre part nous voyons apparaître un phénomène de féminisation. A ce moment-là, elles sont en demande d’un étayage narcissique auprès des soignantes. Nous partons ainsi de l’hypothèse que pour faire face à la fragilité de leur contenant psychique durant cette phase d’amaigrissement et pour répondre à leur demande de « délimitation » psychique et corporelle, un support groupal à médiation thérapeutique peut apporter « une enveloppe sécurisante et curative » à ces jeunes filles. Ainsi à travers cette présentation, nous proposerons une piste thérapeutique « novatrice » : un dispositif à médiation corporelle thérapeutique « un atelier Look », afin d’accompagner leur changement morphopsychologique et pour consolider ces défaillances psychiques individuelles et groupales.

 

4. Le groupe en médiation théâtrale avec les adolescents, nuances et spécificités de ce dispositif groupal

Tamara Guenoun
Centre de recherches en psychopathologie et psychologie clinique  (CRPPC)
Université Lumière - Lyon II : EA653
Bron - France
 
Vitez écrivait : « car le théâtre est un champ de force, très petit, mais où se joue toujours toute l'histoire de la société, et qui, malgré son exiguïté, sert de modèle à a vie des gens, spectateurs ou pas. Laboratoire des conduites humaines, conservatoire des gestes et des voix, lieu d'expérience pour de nouveaux gestes, de nouvelles façons de dire – comme le rêvait Meyerhold -, pour que change l'homme ordinaire, qui sait ? »[1]

Cette conviction de cet illustre comédien et metteur en scène français parle de la spécificité de l'engagement dans la création théâtrale, en tant que porteur de la culture, au sens freudien du terme. Le théâtre serait bel et bien cette forme d'art permettant l'émancipation d'une aliénation à l'autorité surmoïque autant qu'une issue échappatoire de forces pulsionnelles réprimées par la civilisation.

Or, lorsque nous proposons à des adolescents en « malêtre » de pratiquer ce théâtre, enserré dans un dispositif clinique, quelle en est sa portée ? Pouvons-nous discerner premièrement un effet soignent à cela ? Pouvons-nous aussi discerner l'impact créatif, générateur de travail de culture au sein de cet espace ? Au sein de ces espaces de médiation théâtrale avec les adolescents, Kulturarbeit et lieu de soin au travers de la dimension groupale semblent indissociable et doivent être pensés ensembles. 

Pouvons-nous ainsi extraire une spécificité de ce dispositif clinique, à côté de dispositifs thérapeutiques de groupe existants, notamment du psychodrame de groupe ? Bien que partageant des racines communes avec le psychodrame, en quoi la médiation théâtrale devient-elle un espace groupal, à même d'offrir des issues inédites aux malêtre adolescent actuel ? Cette tranche d'âge semble éminemment aux prises avec la complexité de la mutation du lien social contemporain. Le dispositif groupal de médiation théâtrale avec les adolescents se fait alors fenêtre d'observation de ces problématiques adolescentes, tout en offrant des modalités créatives pour permettre au groupe de se décaler d'un face à face pétrifiant avec les logiques d'immédiateté de la satisfaction pulsionnelle et d'exigences narcissique identitaires qui semblent animer nos sociétés contemporaines.



[1] VITEZ A. (1985), L'art du théâtre, n°1, printemps 1985, Actes Sud/Théâtre national de Chaillot, p.7-9, in Du théâtre d'art à l'art du théâtre, anthologie des textes fondateurs, Paris, éditions Théâtrales, p.90

 

Atelier 2: Modes culturels du groupe

 

1. « L'ancien » comme positionnement clinique: une création du groupe et un engagement à la résistance face aux crises

Ndèye Khaïra Thiam 
- Centre de recherches en psychopathologie et psychologie clinique  (CRPPC)
Université Lumière - Lyon II : EA653 - Bron - France
- Faculté de médecine - Formation doctorale : Biologie et pathologies humaines - Spécialité psychiatrie
Institut de recherches et d'enseignements en psychopathologie - Université Cheikh Anta Diop de Dakar

 

L'« ancien » est celui qui est mis, par le groupe des adolescents, en situation de favoriser l'élaboration psychique et l'intégration du transit adolescent, dans la mesure où il propose une base commune de codification mythopoétique. Celle-ci sera à l'interface des logiques sociales et culturelles dominantes qui sont au cœur des institutions, dans une culture donnée, et des logiques sociales et culturelles de certains groupes d'adolescents, auxquelles ils sont doublement liés. C'est dans ce sens que la fonction d'ancien participe à tiercéiser le passage des processus primaires aux processus secondaires, visant ainsi à proposer un espace dans lequel les problématiques adolescentes, additionnées des drames qui ont entouré le parcours de vie de ces jeunes, trouveraient à transiter et à être transformées. Pour ce faire, l'ancien fonctionne comme un objet malléable qui remplit l'espace interpersonnel et transpersonnel. Ce qui induit des sentiments d'appartenance et de sécurité. Ces transferts permettent de relancer des processus identificatoires ainsi que des processus de subjectivation, dans un contexte contemporain, incertain et qui n'offre aucune sécurité, exacerbant le recours aux logiques de survie de part et d'autre.Toutefois, il y a lieu de s'interroger sur ce qui se transfert de cette façon. Il faut peut-être aussi se demander à quoi l'on s'engage lorsque l'on s'engage de cette façon auprès d'adolescents en grandes difficultés et des institutions en souffrance qui entendent les prendre en charge ? A quelle(s) crise(s) tente-t-on de faire face en s'engageant auprès de ces jeunes et de ces institutions?

 

2. Un espace « trans-culturel » intermédiaire en Nouvelle-Calédonie

Grégoire Thibouville 
Psychologue clinicien - Doctorant en psychologie Paris 13 (UTRPP 4403)
rue Roland GARROS - Motor Pool 98800 Nouméa - New Caledonia -  Nouvelle-Calédonie

Il y a quelques années, une formation intitulée « Clinique des groupes » a été introduite dans un cursus pour des futurs éducateurs d'horizons ethnoculturels variés du Pacifique Sud. Le dispositif de formation mis en place se réfère de l'approche psychanalytique de l'expérience des fonctionnements collectifs et individuels en groupe et en institution et de l'exploration du sens vécu par ses participants. Cet espace « trans-culturel » intermédiaire (ETCI) offre un cadre de rencontres intersubjectives et d'expérience personnelle du groupe propice au développement de la capacité d'éprouver et d'analyser ce qui se vit et se dit dans un groupe, pour soi et pour autrui. Il contribue ainsi à forger des capacités fort utiles aux futures responsabilités professionnelles de ces étudiants, voire de ces citoyens pluriels dans un pays engagé dans un processus de décolonisation inédit.

Les futurs éducateurs sont invités à s'essayer à l'observation-participante. Dans cette circonstance groupale, un travail de repérage des émergences des circulations inconscientes en groupe et des résonances individuelles jusque-là insoupçonnées peut être favorisé, ce qui peut amener à des découvertes et à des prises de consciences inattendues pour l'individu, ce que le clinicien-formateur peut considérer comme salutaire. Cette mise en mouvement psychique appelle le clinicien-formateur à être vigilant en assurant une fonction de « méta-garant » de ce travail culturel de transformation par l'implication personnelle et des paroles échangées avec d'autres et en groupe.

L'expérience de cet ETCI à laquelle ils sont conviés peut, bien entendu, mobiliser en eux bien des résistances ; à cette occasion la diversité des appartenances et des origines des uns et des autres peut être invoquée à des fins plutôt défensives, ce qui peut contrecarrer l'acceptation de l'intermédiarité, d'un « vivre ensemble » et venir faire opposition au partage de l'ambition d'universalité de l'approche psychanalytique. Le travail de culture auquel cette formation donne accès peut se trouver compromis. Les questionnements issus de la confrontation à ces résistances et sur le sens de ces résistances poussent le clinicien-formateur à s'équiper davantage pour expliciter l'intérêt de l'approche clinique psychanalytique des groupes en Nouvelle-Calédonie.

 

3. La groupalité-monde : le niveau macro du contre-transfert dans la clinique

Daniel Derivois
Univ. Bourgogne Franche-Comté - LPPM
 

Les théorisations de R. Kaës (1997, 2008) sur la groupalité psychique et les groupes internes ont beaucoup éclairé la dynamique des groupes familiaux, institutionnels et les équipes de soignants ou de professionnels des milieux socio-éducatifs, scolaires et judiciaires. En effet, le « sujet singulier » - patient ou professionnel – est toujours traversé par un espace-temps qui organise, entrave ou rend possible sa relation à l'autre. Dans le contexte de la mondialisation, où la circulation des groupes humains invite à repenser les frontières groupales et individuelles, cet espace-temps est ici élargi à ce que nous appelons une géohistoire de la rencontre clinique (Derivois, 2015a ; 2015b). Une groupalité-monde articulant monde interne et monde externe est alors à penser, qui permettra de repérer et d'analyser les niveaux micro, méso et macro du transfert et du contre-transfert dans la relation clinique contemporaine.

Atelier 3 : Groupe et médiations

 

1."Des soins ... à Soi", Dispositif clinique à médiation groupale utilisant les soins esthétiques en oncologie gynécologique

Mariane Lecointe
- Centre de recherches en psychopathologie et psychologie clinique (CRPPC) - Université Lumière - Lyon II : EA653 - Bron -  France
- Hospices Civils de Lyon / Centre hospitalier Lyon Sud (HCL) - Hospices Civils de Lyon
CHU Lyon -  France

Cette recherche vise à évaluer les effets psychiques de la participation de femmes à un dispositif d'ateliers groupaux proposant la médiation des soins esthétiques. Le cadre théorique de cette recherche s'inscrit dans la continuité des travaux menés dans le champ psychosomatique (N.Dumet, R.Debray), les médiations thérapeutiques (C.Vacheret, A.Brun), les processus « auto » (R.Roussillon) et le groupe (R.Kaës). 

La socio-esthétique, c'est l'accompagnement de personnes en souffrance ou fragilisés par l'intermédiaire de soins esthétiques adaptés. Cette discipline est reconnue depuis plusieurs années comme soin dit « de support » par les différents Plans Cancer successifs, tout comme l'accompagnement psychologique. Ce dispositif propose d'ailleurs une co-animation assurée par une socio-esthéticienne et une psychologue.

Lors de l'entretien d'inclusion avec la psychologue, les femmes s'engagent à participer à un cycle de 3 ou 6 ateliers ayant pour médias le conseil en image, le soin du visage, et le maquillage, et à revenir témoigner de leur expérience en entretien individuel un mois après, puis une deuxième fois entre trois et six mois après. Chaque groupe compte 4 patientes, quels que soient leur âge, le cancer gynécologique dont elle souffre, leur protocole de soins et quel que soit là où elles en sont dans leur parcours de soins somatiques. L'objectif recherché est de favoriser le brassage de modèles identificatoires potentiels parmi les paires d'un groupe.

Au terme de deux années de prise en charge financée, 9 groupes auront été constitués. Sur les 5 premiers, ainsi que lors de la séance Photolangage© en grand groupe, nous avons constaté l'émergence récurrente de trois fonctions phoriques au sein du/des groupes: un thanatophore qui porte l'angoisse, la détresse, la dépression ; un observateur qui se met en retrait, et un modérateur contenant-attaquant du thanatophore.

Cette tendance semble se confirmer d'ores et déjà dans les autres groupes. Que vient-elle nous apprendre de la spécificité des groupes internes de ces patientes ? Comment sont mobilisés ceux des animatrices ? Comment le couple d'animatrices est-il amené à contenir la réactualisation sur la scène du dispositif des modalités relationnelles et affectives des patientes afin de leur permettre de les reconnaître, de se les représenter et de se les approprier ?

 

 2. Un groupe à médiation corporelle et picturale en prison, Mise au travail du fond hallucinatoire de la vie psychique fourvoyé chez les criminels

Emeline Garnier 
1 : centre de recherche en psychopathologie et psychologie clinique  (CRPPC)  -  
MENRT - avenue Pierre Mendès France, 69500 Bron -  France

 

Les criminels témoignent de terreurs agonistiques liées à une perte de la sensation d'habiter leurs corps. La psyché excorporée pendant le crime est celle d'un sujet hors scène, spectateur impuissant d'un acte sans sujet. Trou noir, corps non contrôlé, sensation d'un démon en soi... la frontière avec le patient qui commet un crime sous l'influence d'une hallucination s'estompe. Celui-ci bascule dans l'acte violent quand la projection échoue et que l'hallucination vient le menacer d'anéantissement. Il est alors contraint de juguler ce retour hallucinatoire par sa transposition dans un acte effectif. Chez le criminel incarcéré, qui ne connait à priori pas d'hallucination « formelle », l'acte relève pourtant d'une hallucination qui échoue à se scénariser, à se formaliser, et fait retour à son point origine, le corps même du sujet. L'hallucination étant actualisée sur un corps non unifié, le sujet est en proie à un vécu de mutilation sensorielle qu'il va retourner sur l'autre par sa mutilation organique. Atteindre l'intérieur du corps de la victime sera alors le seul moyen de trouver une enveloppe d'unification sensorielle, mais aussi de stopper l'éprouvé de chute dans un objet sans fond.

 La prison amplifiant le phénomène de privation sensorielle, le patient détenu se trouve en rupture avec une partie de lui pourtant en quête d'historicisation. Il s'avère nécessaire de proposer des outils thérapeutiques pour contenir, transformer et représenter cet en deçà des mots et de l'image. Dans le groupe corps et peinture, partager de façon transmodale l'hallucinatoire va permettre la constitution d'un fond groupal qui accueille les réactualisations hallucinatoires individuelles. Un premier temps tuteur à la solidification des premiers schèmes corporels, protège de la bascule dans l'hallucination psychotique. Il agit comme attracteur des sensations démantelées, et la sensori-motricité partagée permettra leur mise en scène. Cette première représentation imagée pourra ensuite être figurée par le temps de peinture qui suit. Le groupe permet au sujet de se replacer au centre d'une scène qu'il va représenter. Les processus de reflexivité remplacent ceux du spectateur impuissant. La confusion devient coïncidence et l'hallucination psychotique évolue vers l'hallucination onirique.


3. Les groupes d'adolescents dans l'ère du virtuel : de l’image à l’imaginaire

 

Giorgia Margherita, Gina Troisi
Université de Naples "Federico II"

 

Les auteurs proposent une réflexion sur les groupes d'adolescents en utilisant les exemples sortis du langage du cinéma, utilisé comme métaphore pour comprendre certaines dynamiques du groupe de pairs dans cette phase évolutive. Dans la société contemporaine l'impact des nouvelles technologies et du virtuel, caractérisé par la surcharge de la perception au détriment de la représentation, par la relation entre le principe de plaisir et le principe de réalité, où l’illusion du réel exonère le travail psychique de liaison et transformation, peut mettre en scène les défauts de symbolisation, l'échec des processus de liaison et le contact avec des “pseudo-représentations” (Guignard, 2007;Tisseron 2008; Kaës 2012). Différent est le discours lié au cinéma qui préserve l'espace onirique, où l'image devient l'imaginaire à travers la structure et la trame et l'iconique devient une étape pour la symbolisation permettant une fonction de lien et de transformation. Pour cela, les auteurs utilisent des images du cinéma qui ont mis en scène différentes fonctions que le groupe peut assumer pendant l’adolescence, en renforçant, dans certains cas, des dynamiques pathologiques de confusion et de clivage, dans d'autres cas agissant comme un soutien précieux dans le processus d'acquisition de l'identité. Ils concluent en développant des réflexions concernant les variations de la technique dans les dispositifs thérapeutiques groupaux, lors du travail avec les adolescents.

 

 Atelier 4 : Groupe et expériences socio-éducatives

 

1. Groupes de supervision au sein du Service-École: une expérience décisive

Berenice Carpigiani 1 - Maria Regina Albertini 1

1: Professora Doutora e Supervisora de Estágio
 

La Clinique Psychologique Alvino Augusto de Sá constitue le Service-École du département de psychologie de l'Université Presbytérienne Mackenzie. Elle propose un accueil à la communauté, en tant que Prestation de Services de l'Université, et offre un espace de formation aux étudiants de psychologie pendant les trois derniers semestres de leur cursus. Le travail de cette clinique est rythmé par les activités d'enseignement, de recherche et d'intervention clinique. Les sessions d'encadrement des prises en charges réalisées par les stagiaires se passent en groupe de façon hebdomadaire et sont dirigées par des superviseurs. L'objectif de cette étude est de fournir quelques réflexions sur l'accompagnement des groupes de supervision en tant qu'ils se situent à une frontière délicate entre des caractéristiques didactiques et cliniques. Par rapport aux stagiaires, la première question qui survient touche au fait que l'activité se réalise en groupe, car on considère que le groupe peut être un cadre facilitant l'échange des premières expériences d'accueil et de supervision; il permet l'intégration entre les stagiaires, et ceci dans la mesure où ils exposent leurs témoignages des consultations, pouvant ainsi se rendre compte que d'autres collègues sont passés par des expériences similaires; cela peut calmer leurs insécurités et la sensation de pression par rapport au groupe ou au superviseur.D'un autre côté, vis-à-vis de leurs superviseurs, les stagiaires devront, au cours du processus d'encadrement, s'émanciper d'une possible relation de dépendance pour gagner progressivement leur autonomie. Il est entendu que le stagiaire ne doit pas simplement reproduire les méthodes psychothérapeutiques du superviseur mais que, dans le cadre du groupe, il puisse au contraire développer sa propre identité professionnelle. Dans ce sens, le groupe des stagiaires joue un rôle fondamental en occupant une fonction de "miroir", c'est-à-dire qu'à l'instar du groupe familial, les commentaires de chacun de ses membres amplifient la connaissance du thérapeute en formation. Par ailleurs, le contexte groupal peut offrir un espace potentiel dans lequel une communication authentique est permise. Dans ce sens, le groupe est vécu comme lieu de l'expérience et de la communication, fournissant davantage que des enseignements théoriques et techniques, mais un apprentissage significatif.

 

 2. Se former pour apprendre à penser le groupe et humaniser l'école

Nancy Bresson 
LIFE  (Laboratoire de recherche. Innovation-Formation-Éducation.) - Université de Genève - Suisse
 

La dimension relationnelle du métier d'enseignant reste aujourd'hui encore très peu abordée dans la formation initiale et continue des enseignants alors que la solitude des professionnels est forte dans le face à face permanent avec des groupes... et leur demande de formation importante dans ce domaine.

La transmission du savoir est beaucoup plus valorisée dans la formation aux dépens de la posture relationnelle et de la question du lien et de ses avatars.

Ainsi, la dimension groupale de la classe et des phénomènes de groupe qu'elle génère est peu élaborée et peu transmise (sinon empiriquement) dans l'institution. Celle de l'équipe de professionnels ne l'est pas plus.

Je constate, dans ma pratique de clinicienne auprès d'équipes éducatives du 1er comme du 2ème degrés, à quel point cette problématique émerge dans les groupes Balint de façon récurrente, à travers l'incompris des groupes d'enfants, et de plus en plus dans les conflits surgissant dans les équipes elles-mêmes. 

En effet, les enseignants se retrouvent mis au défi, de gérer l'écart entre la tâche primaire annoncée: enseigner, former, éduquer, transmettre et la tâche latente, « réelle » : instaurer et tenir le cadre, se confronter de façon permanente aux groupes et devoir gérer les angoisses afférentes, l'émergence des « rôles » (leader, bouc émissaire, suiveur), réguler les phénomènes d'influence, de régression, d'exclusion parfois inhumaine dont on connaît pourtant maintenant l'impact destructeur sur les victimes...

Les enjeux groupaux à l'école sont massifs et niés tout à la fois.

La confrontation des professionnels, seuls, démunis, face à des groupes d'enfants ou d'adolescents ne va pas sans créer des angoisses fortes, archaïques, spécifiques au groupe et à la situation : angoisse de morcellement, de persécution ...épuisement professionnel aussi.

Ainsi, depuis plusieurs années, je propose des stages de formation continue et des interventions en formation initiale autour de ces problématiques groupales et de leur influence sur les apprentissages. 

 Nous alternons approches théoriques et analyses de situations vécues. En appui sur les travaux de W.R.Bion, D.Anzieu et R.Kaes, nous étudions les différents phénomènes de groupe, puis à partir des situations vécues par les participants, nous envisageons ensemble des démarches de prévention ou de remédiations adaptées à chaque situation ...

 

3. Le groupe accueil : penser la blessure du handicap

Damien Aupetit  -  Sophie Brossier 
Institut Saint Vincent de Paul  (IMPRO)
 

Nous nous proposons de vous présenter "le groupe accueil", dispositif groupal original au sein duquel nous accueillons tous les adolescents handicapés mentaux qui intègrent l'IMPro dans lequel nous travaillons. C'est un groupe de parole, sur le mode de l'association libre, un groupe fermé à durée déterminée, durant le premier semestre de leur arrivée co-animé par le psychiatre et nous-mêmes, les 3 « psys » de l'institution.

 Parfois, premier lieu de dépôt et de déploiement de leur vie psychique, parfois prolongement d'un parcours de soin bien rempli, ce dispositif nous paraît être néanmoins le réceptacle groupal des angoisses, de ces jeunes qui intègrent un établissement spécialisé relevant du champ du handicap. Ce "réel" peut alors être tout d'abord effractant et, à travers la nomination de différenciateurs (avoir des devoirs ou pas...), cette réalité peut venir questionner à nouveau leur douloureuse perception du handicap. Ainsi, nous essayons de mettre au travail le traumatisme d'être en IMPro, en écho au traumatisme originel, celui d'être handicapé. Ce groupe constitue leur entrée dans l'IMPro et souvent leur première entrée dans un Institut spécialisé. Ce dispositif groupal permet de commencer à interroger l'acceptation d'être ici, d'être ainsi, la souffrance d'être en échec scolaire et ne pas être dans la norme. La blessure d'être handicapé, ou du moins d'être porteur de handicap peut alors s'exprimer et se partager groupalement, étant chacun concerné. Les psys sont alors là pour accueillir, soutenir cela, et faire circuler la parole. Toutefois, cela ne se fait pas sans heurt, avec la blessure narcissique ressurgissant souvent à vif, les écueils étant encore présents, en miroir de la violence du handicap. Il s'agira alors de pouvoir composer avec sur ce quoi ils viennent parfois buter, pour accueillir groupalement ces adolescents en souffrance.

A travers des vignettes cliniques, nous tenterons de témoigner des fonctions que nous semble recouvrir ce groupe accueil.

 

Atelier 5 Médiations et transformations groupales



1. La fonction de l'intertransfert dans un groupe Photolangage©

Pietro Alfano  1- Palma Audino  2
1 : C.N.R - Centre Nationale de Recherche - Palerme  (C.N.R.) 
2 : C.N.R. Centre Nationale de Recherche  (C.N.R) 
 

Introduction: Le but de cette recherche est de montrer les effets violentes, due à la manque de l'analyse de l'inter-transfert entres les deux thérapeutes, surs les dynamiques d'un groupe des adolescents.

Méthode : Le groupe Photolangage©, est animé par deux psychologues et composé de 9 adolescents d'âge compris entre 13 et 15 ans, dans le cadre d'un projet sur la violence en adolescence à travers des ateliers de photographie et vidéo. Le lieu des ateliers mis en place est un quartier historique de Palerme, où les jeunes vivent des difficultés éducatives, sociales, psychiques propres d'une situation socio-économique défavorisés. Le fil rouge des ateliers proposés (photo, vidéo et Photolangage©) est favoriser un processus de mentalisation à travers le travail de l'imaginaire et, avec la médiation de l'image, créer un espace physique et symbolique d'élaboration de leurs expériences violentes.

Discussion : l'intérêt est centré sur le fait de mettre en évidence la présence d'un conflit narcissique entre les deux animateurs/psychologues du groupe, qui ont mis en échec l'effet du groupe et de la médiation, qui fonctionnent comme déclencheurs des processus associatifs. Ils seront aussi mis en évidence les bouleversements, les perturbations qui ont été provoqués, aussi bien que la fonction du rire, attaqué elle-même. Celles-ci peuvent mettre en discussion l'existence du groupe et la possibilité de se représenter.

Conclusion : L'inter-transfert et l'analyse intertransférentielle ont une place très importante dans l'analyse des processus groupaux. Cette analyse permet de traiter une difficulté dans le travail psychanalytique entre deux ou plusieurs thérapeutes. Selon Kaes, le choix de travailler en deux ou plusieurs thérapeutes comporte une forte implication fantasmatique, il est doté de conflictualité plus au moins puissante. Les thérapeutes donc, échangent sur leurs vécus, analysent leur inter-transfert, peuvent éclaircir les mouvements identificatoires, créer un espace pour la compréhension des enjeux intersubjectifs et intrapsychiques, donc accéder au travail de transformation des émotions.

 

2. Les atmosphères en séance : souffle et matière de création du sens commun

Guillaume Rebollar 
Centre de recherches en psychopathologie et psychologie clinique  (CRPPC)
Université Lumière - Lyon II : EA653
Bron -  France
 

Notre présente réflexion émerge à la croisée de notre recherche doctorale sur l'élargissement de la notion d'Atmosphère au champ de la psychologie clinique d'inspiration analytique et de la pratique d'animation d'un groupe thérapeutique et de recherche à médiation picturale avec de jeunes adultes autistes.

Pendant ces séances, les processus psychiques s'éprouvent plus qu'ils ne se métaphorisent. Lorsque le groupe prend le risque de s'ouvrir à la création, il donne souvent naissance à des étendues de matières aux formes non viables, trop intrusives, pénétrantes ou trop insaisissables, éphémères. Nous pouvons être traversés par d'intenses sensations d'oppression, une dysharmonie des mouvements du corps, une respiration dysrythmique... Pour noircir le tableau, même lorsque l'ensemble thérapeutes-patients trouve un semblant de cohésion et tient mieux à flot, l'institution d'accueil peut foudroyer de ses procédures notre fragile embarcation qui s'enfonce encore plus dans des profondeurs béantes... Au limite de l'analysable, cette forme chaotique et évanescente du groupe fait pourtant émerger une foule de configuration de lien, d' « être avec » inédits, agissant comme matrice attractrice/répulsive des rapports sujet/environnement.

Amarrées par les liens qui se tissent, des atmosphères isolées se constituent peu à peu, comme poches d'expériences sensori-affectivo-motrices communes, jusqu'à ce que puisse être sentie et reconnue une atmosphère groupale unifiée. Le risque constant que ne se dissipent ces nouveaux territoires peut être partiellement contenu par l'investissement de représentation de chose et le maniement d'un « style » que nous nommons atmosphérique, dans la mesure où ils viennent figurer ce qui se dissipe, s'évanouit, se volatilise (cf fumée, vapeur, floutage sensoriel...). L'atmosphérique renvoyant ainsi au processus de formation de l'informe, au « khaos »créateur, favorisera une échoïsation et figuration symbolisante de la tonalité archaïque des psychismes en présence.

 

3.Les groupes d’analyse de la pratique face aux « situations limites »

 
Vincent Di Rocco
Maître de conférences - Centre de recherches en psychopathologie et psychologie clinique  (CRPPC) - Université Lumière - Lyon II : EA653 - Bron -  France

 

Les situations limites sont un facteur de déstabilisation des assises professionnelles provoquant le mal-être des professionnels nécessitant le recours à des dispositifs cliniques spécifiques de réflexions et d'échanges permettant à la fois, l’élaboration du travail psychique engagé par cette déstabilisation et l’appropriation des transformations de la pratique mises en place intuitivement. Cette évolution se traduit par un questionnement sur la professionnalité, qui pourrait se formuler ainsi : comment être « professionnel », quand la pratique ne semble plus permettre l’échange avec les sujets « pris en charge », quand la pratique, pour s’adapter à la situation, en vient à se démarquer des canons de la profession attendus par le groupe d’appartenance ? Ces évolutions touchent aussi bien évidemment les pratiques issues des sciences de l’éducation.

 Le recours au travail groupal, aux dispositifs dits « d’analyse de la pratique », reposant sur « une pratique de la parole en groupe, concernant l’exercice professionnel des participants » selon la formule de C. Henri-Ménassé (2009), c’est déjà bien installé dans les institutions médico-sociales au point de former une part importante de la pratique d’intervention institutionnelle des psychologues cliniciens.

 Mais cette pratique rencontre nécessairement des limites qui lui sont propres du fait de son engagement dans un cadre institutionnel et professionnel régi par un système d’alliances inconscientes nécessaires à l’articulation entre les espaces psychiques individuels et les espaces intersubjectifs. Les « situations limites » mettent à mal ces formations intermédiaires engendrant des résistances massives à l’expression de l’engagement dans des pratiques, elles-mêmes « limites », échappant à l’orthodoxie implicite portée par ces alliances.

 Toutefois, un aménagement des dispositifs d’analyse de la pratique permet une mise au travail de ces pratiques « limites ». Il s’agit de groupes réunissant des praticiens d’institutions et de formations diverses confrontés à des problématiques communes, des dispositifs à la fois pluri-professionnels et pluri-institutionnels.

 Il s’agit d’un travail de mise en commun des points de butée, des points de souffrance, liés aux pratiques qui est le révélateur des ingéniosités, des trouvailles, des intuitions. Ce type de dispositif permet de rendre visible ce travail, le rendre intelligible, théorisable au sens d’en dégager les principes, les régulations. Un des enjeux mis au travail dans ces dispositifs inter-institutionnels est de restaurer une professionnalité en danger en redonnant une place aux pratiques difficilement protocolisables.



Atelier 6 Famille et liens de filiations

 

1. Les dispositifs de travail clinique groupal avec les familles en institution- enjeux face aux nouveaux modalités de mal être et conséquences sur nos approches du soin avec les enfants et les adolescents


Didier Drieu
Maitre de conférences HdR Psychologie Clinique et Pathologie, CERReV, Université de Caen-Normandie – Psychologue clinicien, psychanalyste groupe, famille CMPP Centre de Guidance ACSEA, Caen


De plus en plus de demandes d’aide en pédopsychiatrie ou consultations de CMPP mettent en évidence des indices du mal être dont nous parle R. Kaes, des signes insistant sur l’insécurité présente au coeur des liens parents /enfants. Ces troubles nous ont obligés à penser des dispositifs de groupes permettant un travail sur plusieurs niveaux de contenance, la transformation de souffrances venant du sujet lui-même, de ses liens à sa famille mais aussi de violences transubjectives. Nous nous centrerons dans notre intervention surtout sur l’expérience des groupes parents/enfants en CMPP et des groupes de parents d’adolescents en Maison des adolescents, en questionnant les conséquences de cette expérience sur notre approche du soin psychique.

 

2. Le groupe à médiations en lieux d’accueil parents-enfants : de la création des liens sociaux aux compétences interculturelles


François NDJAPOU
Doctorant – Laboratoire UTRPP - Université Paris 13


Les dispositifs de soutien à la parentalité de type « lieux d’accueil parents-enfants », initiés par les Maisons vertes de Françoise DOLTO dans les années 1970, doivent s’adapter à l’évolution des situations familiales de précarité, d’exclusion et de discrimination. Les difficultés rencontrées par les accueillants au sujet des modalités de fonctionnement, de la fréquentation d’une population d’origines diverses, de la présence de nouvelles formes de parentalité et de l’exacerbation de phénomènes de violences ont nécessité des réajustements du cadre de l’intervention clinique. Celui-ci s'est transformé d’une supervision en un « groupe à médiations ». Les objectifs étaient : de favoriser l’ajustement du cadre et de la fonction d’accueillant au regard de l’évolution des besoins ; d’approfondir la réflexion collective sur les enjeux mobilisés dans les modalités relationnelles accueillants-accueillis en contexte interculturel ; et de construire collectivement des repères spécifiques au positionnement d’accueillant à partir de médiations.
Les questionnements initiaux des accueillants, portant sur les dimensions structurelles, conjoncturelles et psychosociales, ont permis d’entamer une réflexion individuelle et collective sur le sens et les missions du lieu et d’engager une élaboration groupale sur l’évolution de l’accueil. Le passage de l’individuel au collectif s’est construit dans l’espace entre-deux du groupe, par le truchement de médiations, objets intermédiaires favorisant les processus d’acculturation. Le dispositif a favorisél’accès à l’imaginaire et a facilité la mise à distance des émotions afin d’élaborer l’acceptation des différences et des ressemblances dans la rencontre interculturelle. Le groupe, en tant qu’espace interculturel, devient un espace de confiance où il est possible desurmonter la peur de l’autre c'est-à-dire de structurer son identité dans le lien à l’autre et dans l’apprentissage du vivre ensemble. Si la culture reste le ciment entre les individus, la mise en place de  dispositifs groupaux sera créatrice de lien social et de compétences interculturelles

 

3. Famille en mutation : nouvelle solitude des parents dans l’accès à la parentalité

 

Delphine VENNAT
 
MSHE, Laboratoire de Psychologie, Université de Franche-Comté

 

Alors qu’autrefois un bébé arrivait dans une « Maisonnée » (Weber, 2005) indiquant par la même la fonction que remplissait toute une communauté auprès du bébé et de ses parents, certains parents contemporains rapportent un profond sentiment de solitude dans la rencontre avec leur bébé durant ses premiers mois de vie. En cause, les transformations sociétales, grand-parentalité toujours en activité, bi-activité des couples, diversification du modèle familial (familles recomposées, monoparentales…). Les causes de ses mutations sont multiples et plurielles.

Qualifiés d’ « auto-entrepreneurs » de leur parentalité (Mellier, 2013), ces nouveaux parents se retrouvent seuls pour métaboliser inquiétudes, anxiétés et tâtonnements bien légitimes avec un nouveau-né.

Dans cette nouvelle configuration, l’accueil du bébé par le seul couple parental, peut être à l’origine d’un sentiment de solitude et être source d’une réelle souffrance.

Ce phénomène inédit est l’objet de notre réflexion qui s’inscrit dans une large recherche que nous menons depuis bientôt quatre ans.

Cette étude a pour objectif de préciser la place et la fonction de la famille élargie dans l’émergence de ce sentiment singulier de solitude des nouveaux parents en évaluant les conséquences sur l’état psychique de la mère, du père, sur la construction de la parentalité et sur le développement du bébé.Nous interrogerons également la place que peuvent prendre les professionnels dans ce type de configuration.

Dans un premier temps nous présenterons une revue de la littérature qui permettra d’envisager la place et la fonction de la famille élargie dans l’accès à la parentalité dans une perspective anthropo-psychanalytique. Dans la deuxième et troisième partie, nous présenterons notre méthodologie et nos premiers résultats. Enfin, nous illustrerons nos propos d’une vignette clinique.

 

 

Atelier 7 Formation et analyse de la pratique



1. Le groupe comme soutien du processus de subjectivation dans la formation des psychologues

Giulia-Julie Allegra  1 - Pascal Roman  2
1 : Université de Genève  (Suisse) - Psychologue clinicienne - Psychothérapeute Psychanalytique de l'enfant, de l'adolescent et du couple
2 :  Université de Lausanne (Suisse) - Professeur ordinaire de Psychologie clinique, psychopathologie et psychanalyse, psychologue - psychothérapeute

 

Les auteurs proposent de réfléchir à la portée subjectivante du groupe en formation, lieu privilégié de déploiement du travail psychique, à travers la présentation d'une recherche sur le processus de subjectivation chez les psychologues en formation (Richard & Wainrib, 2006; Kaës & Desvignes, 2011), menée au sein du Service de Consultation de l'Enfant et de l'Adolescent de L'Université de Lausanne. Ce service offre un dispositif de consultation à des enfants tout-venants et à leur famille, accueillis dans le cadre d'un dispositif de formation par des étudiant(e)s en Master de Psychologie de l'Enfant et de l'Adolescent. Les différentes modalités de travail prévues en groupe (de 4, 8 et 16 étudiants) ont été l'objet d'une observation clinique longitudinale, parallèlement à une série d'entretiens menés avec un groupe d'étudiantes, sur une année académique, dans une démarche de recherche qualitative.

La complexité des affects éprouvés dans le cadre d'une première expérience de formation à la clinique nous ont portés à formuler l'hypothèse que la formation par la pratique (re)mobilise le processus de subjectivation chez le sujet en formation. Selon la façon dont ils sont mis au travail par le futur psychologue et accompagnés par le superviseur, le groupe et l'institution, les affects vécus peuvent favoriser ou entraver l'avancement formatif.

Nous envisagerons notamment la manière dont le groupe et l'espace intersubjectif qui s'y crée permettent d'appréhender l'agencement des processus de subjectivation dans la rencontre entre plusieurs sujets (Kaës, 2006), c'est-à-dire la façon dont les étudiants s'approprient singulièrement et subjectivement ce qui leur est transmis et ce qui est vécu dans les échanges intersubjectifs, afin de se construire une pensée et un agir professionnels propres, en tant que futurs psychologues.

A ce jour, une première analyse thématique partielle du matériau retranscrit (Smith, 2008) met en lumière que le processus de subjectivation en formation se compose d'un certain nombre de dimensions, caractérisées notamment par le passage d'une dépendance à une plus grande différentiation au niveau affectif et identificatoire, ce qui implique la reconfiguration de sentiments d'idéalisation, ainsi que la construction et la régulation d'une fonction contenante (Bion, 1962); l'accès à une nouvelle forme de réflexivité et le développement d'une autonomie dans la pratique.

 

2."Les postures professionnelles des psychologues en institution. Impasses, collusions et différenciations"

Patrick Ange Raoult 
Centre d’études et recherches en psychopathologie et psychologie clinique  (CRPPC)
CRPPC

La confusion des liens affectifs et des liens professionnels, les passages à l'acte dans le cadre du travail, les pertes de distances, les jeux d'emprise entre les acteurs d'un service et les psychologues, etc. ont des incidences sur la dynamique d'équipe avec des conflits, des attaques et des violences. Ces postures induisent une impasse à exercer une clinique auprès des patients. La banalisation des relations conviviales, entre des collègues d'un même service relève peut-être du perversif (P.C. Racamier, 1993). Ce qui fait cause de ces attitudes peut être lu de diverses manières : alliances inconscientes et ses pactes dénégatifs visant à suturer l'angoisse produite par la clinique au détriment de son élaboration, gestion pervertie des relations de service sous l'impulsion d'un pouvoir administratif ou médical, prévalence du narcissisme soignant au détriment de soignés instrumentalisés. Les effets de séduction, les bénéfices narcissiques, les enjeux identificatoires sont autant d'obstacles à une approche clinique des interactions institutionnelles et de l'analyse des postures institutionnelles. Les corruptions désignent ce en quoi le professionnel cède sur son éthique, voire sa déontologie, afin d'obtenir des gratifications secondaires. Elles sont accentuées sous la pression de l'appareil psychique groupal (R. Kaës, 1976) en raison des alliances inconscientes et des remaniements surmoïques. Elles traduisent des mécanismes défensifs interactifs (P.C. Racamier, 1993) et sociaux (A. Mucchielli, 1981) dont les principaux sont les mécanismes d'évitements, de simulations, de soumissions, de justifications et de séduction. Leurs caractéristiques sont de solliciter l'environnement interhumain, de faire scène pour autrui devant une situation de menace ressentie, de dilemme ou de souffrance. L'enjeu est identitaire et narcissique. Les situations professionnelles sollicitent, parmi d'autres mécanismes internes et groupaux (R. Kaes, 2012), ces mécanismes de défense sociale..

 

3. De l'objet au travail de culture : de l'usage des médiations en groupe d'analyse des pratiques éducatives

Aurélie Maurin 
Unité Transversale de Recherches: Psychogénèse et Psychopathologie, psychologie, psychanalyse, anthropologie  (UTRPP)  Université Sorbonne Paris Cité (USPC), université Paris 13 : EA4403 - UFR Lettres, Sciences de l'Homme et des Sociétés, Université Paris 13, 99 avenue Jean-Baptiste Clément, F-93430, Villetaneuse -  France
 

Cette communication s'appuie sur le temps-fort d'une recherche-action centrée sur un dispositif pilote de remédiation dans un collège francilien. L'objectif était l'accompagnement d'une équipe pédagogique dans la transformation de ses pratiques d'accueil de collégiens exclus après un conseil de discipline.

C'est selon les principes de co-construction des méthodes et de co-production des connaissances que les acteurs de ce projet ont été réunis pendant une année scolaire selon trois modalités de travail groupal. L'équipe pluridisciplinaire s'est régulièrement réunie en groupes d'analyse des pratiques (GAP) ; ce sont parallèlement tenus des groupes de parole mensuels destinés aux adolescents ; des « assemblées générales » ont ponctué l'année. Nous nous centrerons ici sur ce que deux séances de GAP ont permis de faire émerger chez ces professionnels, jusque-là très aux prises avec des résistances massives dont le revers était un fort sentiment dépréciatif et sensitif.

La demande, explicitée en cours de collaboration, de mettre au travail une « thématique » plutôt que des « situations » en GAP, a conduit à la co-construction d'une méthodologie originale et innovante structurée en deux temps articulés. Le premier temps visait le choix du thème de travail, qui selon les vœux du groupe devait être « enrichi théoriquement » dans un second temps. C'est avant tout la violence des processus d'exclusion et d'inclusion, qui fut mise au travail, retenant pour thématique : « placement/déplacement ». Le second temps fut entièrement consacré à l'illustration du précédent : chacun des participants (animateur/chercheur compris) étaient invités à présenter au groupe, un « objet culturel » de son choix devant lui permettre de synthétiser ce qu'il comprenait du thème collectivement retenu et d'explorer ce qui de lui-même y était engagé.

Si les GAP dans leur forme classique (Balint) confrontaient le groupe aux résistances par eux dénoncées des adolescents et des autres professionnels, ils faisant surtout écran aux résistances propres du groupe et des sujets de celui-ci liées au sentiment d’échec du travail de culture. Le recours aux « objets culturels », comme objets actifs, et activateurs de représentations, a ouvert la voie à la symbolisation de la violence, favorisant la création d'un « fond culturel commun ». Ce moment charnière du processus s'est révélé être un récepteur et un transformateur des affects archaïques incorporés qui barraient la potentialité du changement.



Personnes connectées : 1