Actualités internationales de la recherche sur les groupes et les liens intersubjectifs
8-10 oct. 2015 LYON (France)

Abstracts des interventions dans les symposia

Symposium 1: Le groupe comme laboratoire de recherche

 

1. Historique des groupes en Angleterre

Marlène Spero 

Psychologue et psychanalyste Membre du GAS Group analysis Society
 

C’est en Angleterre que furent crées les dispositifs groupaux à l’origine des groupes thérapeutiques tels que nous les pratiquons aujourd’hui. C’est à Foulkes que revient l’idée initiale dans un contexte bien particulier de l’époque, de rassembler des patients en utilisant la référence à l’approche et aux règles analytiques. Marlène Spéro qui connaît bien l’historique de ce courant, étant elle-même étant une des principales formatrices de la Groupe Analyse, nous dira quels sont les dispositifs de formation spécifiques qui sont mis en place dans de nombreux pays du monde, pour les analystes membres du GAS (Group Analysis Society). Sera abordée également la divergence et la différence avec le courant bionien qui a été une autre composante importante de tout le courant de pensée et de création de concepts et de notions pour désigner les processus groupaux au sein de l’école anglaise. Enfin il sera fait état de la situation telle qu’elle se présente actuellement en Angleterre à propos des deux grands principaux mouvements qui assure la formation des thérapeutes de groupe.

 

2. Les formes du protomental

 Jean-Bernard Chapelier 
Centre de Recherches Psychanalyse, Médecine et Société - EA 3522  (CRPMS)  -
Université Paris VII - Paris Diderot : EA3522
Université Paris Diderot Bât. Olympe de Gouges case postale 7058 75205 Paris cedex 13 -  France

« L'essentiel dans la peinture c'est le fond, pas la préparation des fonds mais cet humus, c'est le soubassement... la possible naissance du tout déjà... C'est un lieu inhabité encore des choses, qui n'est pas encore objectivé mais qui a sa vie propre » (Tal Coat)

 Des expériences répétées dans des cliniques hétérogènes montrent l'apparition de mécanismes similaires quand les individus ou les groupes sont confrontés à un changement. Autrement dit, quand il y a rupture dans les composantes qui assurent la continuité d'un système, on assiste à des désorganisations très violentes qui souvent laissent entrevoir des mécanismes archaïques en deçà même des processus primaires

Il nous faut donc donner un statut à ce qui de manière silencieuse et de façon pérenne soutient les processus psychiques, sorte de socle, sous bassement, fondation, qui quand il vient à manquer semble faire s'effondrer toutes les superstructures symboliques de l'édifice psychique. Ce sont ces arrière-fonds que R.Kaës englobe sous le terme de méta-cadre. Nous nous pencherons à partir d'exemples cliniques sur les méta-cadres archaïques, que l'on pourrait dénommer plutôt des infra-cadres. La construction des espaces tridimensionnels internes s'appuie sur l'environnement spatial ou plus précisément sur l'architecture environnementale, ce qui implique nécessairement le corps et la motricité

Ce niveau de représentation concerne les projections spatiales et architecturales de l'image du corps, et plus particulièrement leurs fonctions de contenance et de maintien. La naissance de ces formes et des divers signifiants archaïques se fait dans le creuset des échanges pulsionnels et émotionnels précoces, avec le jeu du renvoi transformateur de l'objet, au sens de Bion, et dans ce que G. Haag appelle les rythmicités relationnelles. Les groupes psychanalytiques à partir de la régression au protomental revisitent la naissance des espaces internes par leur mise en commun au sein de l'espace groupal. La fonction de transformation tant du thérapeute que du groupe, permet de reprendre et consolider les phénomènes d'arrière fond défaillants.

 

3. Archaïque, dé-institutionnalisation et fonction contenante : questions méthodologiques face à l’évolution du soin

 

Denis Mellier

Professeur de Psychologie Clinique et Psychopathologie, Laboratoire de Psychologie EA 3188, Besançon

En institution, nous sommes souvent confrontés à des personnes qui n’expriment pas de demande de soin. L’engagement psychique dans une relation individuelle apparaît comme trop dangereux. Les pactes et alliances reliant le sujet à l’ensemble sociétal sont précaires. Comment le recours au groupe pourrait-il rendre possible le contact avec ces sujets ? Quelle place donner aux angoisses très archaïques qui signent pour ces sujets le dé-étayage de la psyché tant du coté du corps que du socius ? Notre hypothèse repose sur l’idée que l’institution et les groupes qui sont au contact de telles souffrances primitives pourraient être à même de les recevoir, voire les transformer en « éprouvés » de détresse, en souffrances appropriables par les sujets.

Pour ce faire, il convient cependant de nous interroger tout particulièrement sur les conditions méthodologiques que doivent remplir ces groupes, leurs dispositifs et leurs rapports à l’ensemble sociétal. La « fonction contenante » (containing function) qui est un concept souvent banalisé doit retrouver ici avec Bion tout son tranchant. Elle implique, outre une implication réellement de l’inter-subjectif, un « travail psychique trans-subjectif » là où les limites entre conscient/inconscient, dedans/dehors, moi/non-moi, establishment/groupe sont devenues confuses pour les sujets, les uns avec les autres. L’affect, l’attention, la problématique des enveloppes, le travail de ce qui fait « appareil psychique groupal » dans les équipes ou les familles sont ici des guides pour le clinicien dans la mesure où ils témoignent d’une remise au travail des détresses primordiales, de ce qui s’était dé-institutionnalisé pour ces sujets et leurs groupes. Paradoxalement, dans cette configuration institutionnelle, pour le sujet, le groupe ou l’institution, l’archaïque pourrait devenir une « chance » pour la mise en mouvement de la vie psychique.

 

Symposium 2: Recherches autour de la médiation photolangage©

 

1. La question du racisme dans un groupe de Photolangage©

 Cristiane Curi Abud 
Programa de Assistência e Estudos de Somatização  (UNIFESP) -R. Borges Lagoa, 570 -  Brésil

 

Ce travail-ci vise à problématiser des questions du cadre et du métacadre d'un groupe de psychothérapie de base psychanalytique mené dans une université brésilienne, en mettant en évidence la question du racisme racial.

Le groupe a lieu dans le Programme de Somatisation de l'Université Fédéral de São Paulo, où sont soignés des patients ayant tendance à somatiser, par la voie du dispositif de groupe, lequel emploi dans ce cas la méthode de la Photolangage.

L'institution est composée par des professionnels médecins dont les professionnels blancs assurent leur hégémonie, en soignant une population dont la majorité est noire (53% de la population brésilienne). Cette asymétrie de places est représentative des divisions sociales au Brésil. La société des brésiliens « cordiaux » est violente par rapport aux noirs, elle a une tendance à détruire leur identité, en imposant des idéaux blancs dont les identifications composent un Idéal de Ego blanc, incompatible avec son corps qui devient un persécuteur et non une source de plaisir qui constitue une structure psychique harmonieuse. Ainsi, on établit un contrat narcissique qui assure la place d'appartenance social au blanc et un pacte dénégatif qui empêche l'inscription du noir.

 Employer des photographies importées de France – les photos sont les éléments de ce cadre psychanalytique – reproduit le métacadre institutionnel, une fois que nous ne retrouvons presque pas des noirs sur les photos, ils demeurent invisibles dans le groupe, en contribuant ainsi à l'accroissement de son fossé narcissique. Le concept de cadre convoque la matérialité du monde dans ce qu'elle mobilise dans la sensorialité, en promouvant la subjectivation par la voie de la dialectique entre les extériorisations et les intériorisations. Penser l'institution en psychanalyse requiert penser la subjectivité par rapport à la culture.


2. Adolescences uruguayennes: un regard à propos du groupe.

Dora Musetti 
Membre  (world association infant mental health)  - 
gabriel pereira 2965 -  Uruguay

Le propos de cette communication est de rendre compte des aspects substantiels d'un travail mené avec des adolescents dans le cadre de groupes de psychothérapie ouverts, réunis au sein d'une institution médicale. Chaque semaine, en soirée, une séance, co-animée par une pédopsychiatre et un psychologue, est proposée.

Nous tenterons d'illustrer par une séquence de clinique groupale comment les adolescents scolarisés se confrontent au Malêtre, au delà des frontières. Ce sont les commencements de chacun dans le groupe qui sont en jeu, avec l' imaginaire d'un changement à venir. En effet, en ce début d'année 2015 la thématique dominante est celle de la rentrée scolaire, des appréhensions et des désirs ambivalents qu'elle éveille.

 Nous recueillerons plus finement les propos des patients durant les semaines qui précèderont cette séparation d'avec la famille pour la re-création des aménagements psychiques du groupe classe, groupe de pairs institué. Pour mieux entendre et pour susciter leurs paroles nous médiatiserons l'élaboration groupale au moyen de séances de Photolangage. Nous analyserons les sentiments et les verbalisations, avec un double objectif: diagnostic et curatif.

 

3. Le groupe Photolangage© comme dispositif de transformation de la violence à l'adolescence

Giuseppe Lo Piccolo 

Centre de recherches en psychopathologie et psychologie clinique  (CRPPC)  -  
Université Lumière - Lyon II : EA653
5, avenue Pierre Mendès-France 69676 Bron Cedex -  France

 

 

Dans cet exposé, je me propose d'interroger la méthode Photolangage©, dispositif à médiation thérapeutique, comme outil pour favoriser les processus de lien et de symbolisation dans la situation groupale. L'idée est d'observer à l'œuvre de manière profitable ses fonctions de contenance et transformation de la réalité psychique et, en particulier, la possibilité de double contenance - de la part du groupe et de l'objet médiateur - de mouvements pulsionnels intenses et à leur transformation à travers ce type de dispositif. Pour ce faire, je m'appuierai sur mon expérience au sujet de la clinique d'adolescents engagés dans des agirs sexuels violents et leur prise en charge. L'objet de cette communication et recherche traite alors des potentialités d'une telle technique thérapeutique et de comment, ce type de dispositif peut contenir et transformer - et éventuellement prévenir - les manifestations agressives, voire violentes, des sujets qui prennent part à l'expérience. Il s'agit d'apporter une contribution concernant la pertinence et l'efficacité de ces groupes spécifiques et de leur capacité à mieux contenir et transformer la violence que les dispositifs individuels, en vue d'une meilleure intégration des affects et une maturation des défenses. Le rapport entre image et imaginaire et entre image et affect sera le noyau à partir duquel j'aborderai la question de la transformation de ces mêmes affects et de la violence.

Je présenterai le cas d'un dispositif expérimental et original d'un petit groupe avec des adolescents agresseurs sexuels dont le cadre prévoyait l'alternance de séances de groupe de parole et de séances à médiation Photolangage©. L'observation et l'analyse d'un tel dispositif et d'une telle clinique permettent alors de mettre en évidence les processus en jeu dans ce cadre singulier et de mettre l'accent sur l'apport de la médiation par la photographie au sein d'une telle prise en charge. Le Photolangage© sera présenté dans sa double fonction de dispositif de soin et de recherche.

 

Symposium 3: Le groupe comme espace de formation

 

1. Féminin, masculin, neutre. La Représentation du genre dans les groupes de formation.

 

Giorgia Margherita

Université de Naples "Federico II"

 

Les auteurs proposent plusieurs éléments de réflexion concernant les représentations du genre dans les groupes de formation. Les expériences font référence à groupes de psychodrame au sein de l’espace universitaire avec des élèves psychologues étudiants du doctorat et de l’école de formation à la psychothérapie. Dans ce contexte l'instrument du groupe a été utilisé comme un espace de réflexion sur la dynamique des différences de genre, du féminin et du masculin, ainsi que sur leur manière d'être en relation. Travailler en groupe sur les aspects spécifiques du genre et sur les thématiques de la structuration de l'identité exalte l'élément indifférencié, lui-même déjà activé par la mise en place des dispositifs du groupe et par les angoisses liées aux mouvements régressifs. D’un côté dans ces groupes, les différences de genre semblent être reconnues uniquement comme produit négatif et culturel de la discrimination du sexe féminin. De l’autre, ces différences semblent être niées dans un univers indifférencié face à la pluralité des genres. On peut relever un fantasme du genre neutre (Green, 1976), qui nie la différence et la limite, en mettant en scène une forme de Malêtre typique de la culture contemporaine (Kaës, 2014). À travers les exemples l’exposé montrera un éventail de différences niées à l'avantage et de l’indifférenciation inconsciente, de l'urgence d'un genre neutre et de stéréotypes rassurants ou d’hybrides inquiétants. Le group, avec son potentiel de transformation, peut exercer la fonction du tiers dans la dialectique entre le masculin et le féminin et permettre de faire l’épreuve d’une expérience relationnelle avec l'autre, qui intègre, en même temps, les niveaux d’indifférenciation fusionnelle ainsi que les niveaux de différenciation garantis par la pensée, par la parole, par les règles du cadre, utiles à la reconnaissance des limites et des différences.

 

 

2. Richesse du groupe comme structure créative : Un dispositif groupal inspiré de la méthode d’observation des nourrissons utilisé dans le champ de la formation d’adultes

Philippe Chaussecourte
Psychologue clinicien, Professeur en Sciences de l’Éducation
Sorbonne Paris Cité Université Paris Descartes,
Faculté des Sciences Humaines et Sociales-Sorbonne,
Laboratoire EDA

On connaît le dispositif inventé par Esther Bick pour la formation des futurs psychothérapeutes d’enfants, via l’observation prolongée d’un « tout petit » dans sa famille (Bick, 1964 ; Haag, 2002). Trois temps le caractérisent : un temps d’observation sans prise de notes, un temps de rédaction d’un compte rendu aussi précis que possible de ce qui a été observé et ressenti et un temps d’élaboration groupale des contenus des comptes rendus (à ce sujet voir par exemple Prat, 1989).

 Évidemment les questions épistémologiques posées par une telle observation sont déjà un objet à traiter en soi (Houzel, 1995 ; Chaussecourte, 2006).Des travaux de recherche en Sciences de l’Éducation ont étudié une transposition de ce dispositif pour analyser, « par observation directe », des phénomènes psychiques inconscients dans les espaces d’enseignement (Chaussecourte, 2014). Ces travaux de recherche, effectués selon un approche clinique d’orientation psychanalytique (Blanchard-Laville & Chaussecourte, 2012) ont permis de penser la création en la rendant effective, d’un dispositif groupal, utilisé cette fois-ci à des fins de formation, avec comme objectif premier de sensibiliser les participants à leur implication subjective dans une observation de situation éducative. Mais l’obligation pour les observateurs de choisir une situation d’enseignement a eu comme résultat secondaire de favoriser la possibilité d’élaborations groupales autour du rapport au savoir (Beillerot, 1996) de chacun.

 C’est de ce qui a permis la création d’un tel dispositif groupal et de ce qui sous-tend sa construction dont il sera question dans cet exposé. J’évoquerai également ce qui s’y passe, notamment avec la mise au travail d’une réflexion autour de la prise en compte du travail de groupe dans ce travail en groupe.

 

3. Contribution au « travail de l’observation » dans le cadre de l’expérience du psychodrame à l’université :  la question du groupe dans la formation des etudiants de psychologie : « l’expérience du psychodrame » à l’université

Christian Guerin

Maître de conférences, Université de Nîmes.

 L’exploration du psychodrame analytique de groupe dans le cadre de la formation des étudiants à l’université a ceci de particulier que sur le lieu où dominent les processus secondaires : l’attention, la réflexion, les savoirs constitués, etc. est introduite l’expérience d’un dispositif qui associe le jeu, le groupe, le corps et la parole (la parole réflexive, la parole associative, la parole joueuse etc…) et qui mobilise davantage les processus primaires et notamment l’activité du préconscient. De nombreux travaux ont éclairé tous ces points.

 Ce qui est d’abord source de conflit tient à ce que les étudiants doivent suspendre suffisamment la construction et la quête de sens, du raisonnement lié à l’analyse réflexive comme mise en application de ce qu’ils ont appris et compris face à ce qu’ils éprouvent. Le mouvement défensif, lié à l’usage « maniaque » de ces savoirs qui viennent s’accoler à l’expérience émotionnelle immédiate, même s’il est évident, doit être respecté bien sûr. L’expérience des mouvements défensifs et l’observation de ceux-ci en situation de groupe, participe pleinement de l’exploration du dispositif au sein de l’université mais aussi dans d’autres contextes.

 Dans le cadre de ce colloque, je m’attarderai plus particulièrement sur le troisième temps du psychodrame qui fait suite à la co-construction du jeu et au temps du jeu lui-même qui est fondé sur une partition en alternance entre la position de joueur et celle d’observateur. Ce troisième temps qui convoque chez tous mais à des places différentes, la mise en mots des éprouvés, face à ce qui a été joué, vu et ressenti. Cette mise en mots première fourni les prémices verbalisés de ce qui va constituer la matière de l’observation.

L’observation ici a plusieurs objets : la capacité d’observer intimement « soi-même » ; celle  d’observer « soi en groupe, en écho aux autres » ; celle enfin « d’observer le groupe », (que l’emploi du « on » rappelle sans cesse).

Nous distinguerons l’observation des données factuelles de celles des contenus primaires. Nous tenons l’observation  des contenus primaires (ce qui surgit à l’insu du sujet et à l’insu du groupe) comme résultat d’un processus complexe qui mobilisent à la fois l’éprouvé immédiat de chaque « un » dont une partie seulement peut être verbalisée et l’écho que cela produit chez les autres membre du groupe : les partenaires du jeu dans le jeu et les « observateurs » pendant le jeu après le jeu.

L’expérience et l’exploration de ces axes complémentaires contribuent au travail de l’observation. Il ne s’agit pas seulement de l’observation du groupe ou de l’observation en groupe, mais plus précisément des fondements groupaux de l’observation. Du reste pour observer ne faut-il pas prendre appui sur un « appareil »  à ordonner les faits et à créer du sens. Comment dès-lors l’expérience groupale participe t-elle à cet ordonnancement des faits, et de quel observable s’agit-il ? Ces points seront mis à la discussion : en quoi le groupe avec la pluralité psychique qui le constitue génère t-il et d’une manière fulgurante ce « travail de l’observation » d’abord en périphérie de ses membres puis dans un second temps dans une appropriation subjectivante.

 

Symposium 4: Institution et culture



1. Roda Gigante

Fernando Silveira 1, Auro Lescher 2
1 : Professeur (UPM)
2: Coordonateur

 Tout processus d'institutionnalisation définit les éléments qui peuvent ou ne pas être contenus dans sa structure organisationnelle. Les éléments bruts qui ne sont pas identifiés, assimilés, « digérés », menacent ce qui est organisé. Cette « partie organisées » doit alors se protéger contre ces effets potentiellement dévastateurs. Dans les institutions du soin et du travail social, les employés s'exposent directement à ce qui ne peut être assimilé par les patients.C'est alors qu'on a recours aux groupes, un dispositif largement utilisé dans ces contextes et considéré comme étant un espace de transformation tant pour l'accueil des patients que pour la stratégie à adopter face aux éléments rejetés, « non digérés » par l'équipe.

 Notre objectif est de présenter un groupe déjà mis en place au sein du « Projeto Quixote », une institution accueillant des enfants et des jeunes en situation de vulnérabilité sociale. On abordera le potentiel de transformation et d'aliénation observés dans ce même groupe. 

 Ce groupe nommé " Roda Gigante" (Roue Géante) se réunit une fois par mois et il est ouvert à tous les membres et employés de ce service. Il existe depuis un an et demi et il est généralement composé d'enfants, de jeunes, de leur parents, d'éducateurs et de ceux qui travaillent dans le domaine de la santé, de l'éducation et de l'assistance. Il est dirigé par le coordinateur du «Quixote »

 On observe la construction d'un « nous » et d'un « notre » qui se dresse contre l'hégémonie du « je » et du « mon ». Elle cherche être un espace de transformation des éléments , « non digérés» travers du dialogue, quelques fois tendu, comme moyen/lieu où la connaissance et les visions du monde sont construits. Elle cherche assusi se fixer comme la contraposition à l'espace des discours idéologiques aliénants, où la connassaince est diffusée et les visions de monde sont construites, en général, para les autres. A mesure que la « roue » étalonne notre parole et notre écoute, en exigeant la reconnaissance de l'autre comme source de sens de ma réflexion et de mon action, ce groupe devient un espace ontologique où nous créons et où nous sommes humanisé.  Nous devons gérer l'ambiguïté présente dans les mouvements d'émancipation et d'aliénation du groupe, de la « Roue Géante », tout cela étant des défenses créées envers ce qui ne peut être assimilé, telle une sorte de « régurgitation institutionnelle ».

 

2. L'organisateur transitionnel groupal

Emmanuel Diet
Agrégé de philosophie, psychologue, docteur en psychopathologie et psychologie clinique, psychanalyste (CIPA), analyste de groupe et d'institution, Arip, Transition et SFPPG, IPM, RIICI  et  CRPPC


La construction de la groupalité passe par la constitution de l'illusion groupale comme premier tissage des liens.A partir notamment de la clinique des groupes de formation et d'analyse de pratique ou institutionnelle, je proposerai le concept d'organisateur transitionnel groupal  pour identifier et décrire l'étayage de la groupalité sur des signifiants, des discours, des représentations issus du contexte  culturel,social et idéologique et qui prennent fonction de médiateurs, de transcodeurs et de transformateurs entre le psychisme et l'imaginaire social-historique, structurent l'illusion groupale et le contrat narcissique,soutiennent la constitution de la groupalité et d'un espace psychique partageable entre les sujets. Dans le contexte du malêtre hypermoderne et de la crise des métacadres, la constitution de cet objet transitionnel partageable apparaît essentielle dans l'articulation des espaces intra,inter et transpsychiques, et son analyse ouvre la voie d'une interrogation de l'articulation entre le psychique et le polititique dans les espaces groupaux et institutionnels.

 

3. Les réseaux sociaux : la présence de l'absence, une nouvelle modalité du lien social

Angélique Gozlan
Université Lyon 2 (CRPPC)
Université Lumière - Lyon II
 
Avec l'avènement des nouvelles technologies numériques, arrivent de nouvelles modalités de liens. Le cyberespace permet de retrouver ses amis après l'école, de rester en permanence en contact avec son réseau qu'il soit professionnel ou amical (réseaux sociaux), de faire de nouvelles rencontres amoureuses ou sexuelles (sites de rencontre), de jouer au sein d'équipe internationale (MMORPG), de trouver une pluralité de groupes pour toutes questions qui se posent (forums, tchats). Parler de mutations actuelles des liens sociaux appelle à questionner la notion de lien et de groupalité au sein de ces espaces virtuels. Qu'induit une relation d'écran à écran ? Comment les écrans transforment-ils la notion même de groupe ? Qu'entendons-nous lorsque les médias parlent de « communautés virtuelles » ? Les théories existantes sur le groupe peuvent-elles éclairer ces nouveaux enjeux ? En prenant l'exemple des réseaux sociaux, nous pourrons montrer qu'il existe aujourd'hui de nouvelles modalités de « créer un groupe », d'être ensemble. L'exemple de la page Léon Vivien, un soldat tué lors de la première guerre mondiale, rend compte de la potentialité de la formation des liens sur de tels réseaux, tout en mettant en relief l'enjeu créatif de ces espaces virtuels. Initiée par une agence de publicité pour le Musée de la Grande Guerre du Pays de Meaux, la page relate sous le nom de Léon Vivien la vie au quotidien de ce soldat en 1914. Léon parle en son nom ; des photos, des courriers sont postés, apportant un véritable réalisme à sa page. Cette page va rassembler des milliers de « fans », commentant, aimant les publications de Léon. Les groupes virtuels qui sont des groupes en l'absence de présence physique, ne donnent pas moins lieu à des interactions. M. Civin (2000) a relevé qu'au sein du cyberespace et malgré l'absence corporelle de véritables relations se créent avec un sentiment de présence. Léon Vivien, soldat mort, rend d'autant plus compte de ce phénomène d'une présence de l'absence que le virtuel exacerbe. Comment alors dans cette groupalité sans présence corporelle peut se tisser des liens et de quels liens parlons-nous ? Nous analyserons à travers cette page quels sont les enjeux et processus psychiques de cet être ensemble au virtuel.

 

Symposium 5: Formation du groupe, formation en groupe

 

1. Travailler avec des groupes dans le cadre de la formation des psychologues: la relation entre le cadre et le métacadre institutionnel

Claudia Fontenele - Fernando Da Silveira - Angela Biazi Freire
Université Presbytérienne Mackenzie (UPM) - Rua da Consolação, 930 - Brésil

 

Au champ de la formation des psychologues, permet les stagiaires utilisent le groupe comme dispositif de travail dans le contexte des pratiques interinstitucionnels. Kaës (1991) comprend les institutions en tant que des organisations de la société, traversée par de multiples niveaux de complexité : juridique, psychique etc. Nous proposons un débat sur la compréhension de ces niveaux à partir de la discussion d'Amarante (1999), qui identifie quatre domaines relatifs à travailler dans les institutions : le domaine juridique-politique ; le domaine socio-culturel ; le domaine du « technique-soignant» ; le champ théorique-épistémologique.

L'objectif de cet article c'est réflechir et discuter de la mise en œuvre de dispositifs de groupe, développés par les étudiants du 5ème année. Les stages ont été effectuées dans les établissements partenaires axés sur la santé, les soins et la protection.

Au début, les étudiants ont mené un diagnostic et ont élaboré un projet qui, en général, a fait appel au groupe comme un instrument technique. Dans ce processus de diagnostic a été nécessaire une large compréhension des conditions institutionnelles et leurs ces divers niveaux de complexité. De cette compréhension, les étudiants ont construit les bases de soutien des interventions de groupe.

La stabilité du cadre a été indispensable pour que le dispositif pourrait contenir des procédés de groupe de transformation. Pour cela, le cadre avait plusieurs supports qui ont été construits dans la relation avec l'institution et les utilisateurs.

Les résultats de ces expériences ont indiqué que la relation entre le dispositif et l'institution constitue une tension qui doit être constamment revu et que comprends le niveau du « prends soin technique » et le niveau juridique-politique. De même, compte tenu de la fonction première des Institutions, le domaine socio-culturel est apparu dans la relation avec les patients et le cadre de familles, causant l'enchevêtrement et la complexité de dynamique, rendant sa gestion un défi pour le maintien de la proposition et des buts qui ont été pensés.

Il résulte, du processus de groupe, que nous ne voulons pas que le groupe soit un instrument de transformation sociale, comme l'a proposé Lewin (Farr, 1998). Le groupe, à notre avis, est un instrument qui sert en tant que médiateur de l'inscription des populations marginalisées dans la maille social à travers son potentiel de transformation.

2. Trans-formation et espaces intermédiaires

 
Edith Lecourt - Rosa Jaitin - Philippe Robert (discutant)
Laboratoire PCPP Paris Descartes

Dans le cadre de la formation, les représentations culturelles et collectives peuvent rendre possible l’élaboration symbolique du « nœud inconscient » (la blessure narcissique) et permettre la reconstitution de différentes formes de groupalité. Celle-ci peut être mise à mal par les crises déclenchées lors de l’entrée et de la sortie des processus de formation à l’université et/ou dans les associations de formation. Quels seront alors les espaces intermédiaires épistémiques qui pourraient contribuer à la liaison entre un « espace culturel subjectif » et un « espace culturel objectif. » La question des Idéaux d’une part et des processus d’appartenance d’autre part pourra être abordée.Edith Lecourt évoquera les effets potentiellement mutatifs de la formation au groupe à l’Université en l’illustrant par différents dispositifs de recherche. Rosa Jaitin de son côté fera le lien entre ses enseignements à l’Université, en Argentine et en France avec la formation dans des associations de formation ;Philippe Robert sera discutant des deux exposés et proposera de les mettre en perspective.

 

3. Faire groupe dans un lieu de passage: liens, séparation…

Jean-Marc Talpin
Pr de psychopathologie et psychologie clinique, Université Lumière-Lyon 2, CRPPC 
 

L’équipe est classiquement pensée comme un groupe (secondaire pour les psychosociologues), un groupe institué, un groupe qui n’est pas forcément souvent réuni au complet, ce qui sera la pierre d’achoppement du propos ici développé.A partir de groupes d’analyse de la pratique professionnelle de praticien à domicile mais aussi en institution dans des équipes nombreuses (en particulier hospitalière) seront questionnées :

  • La ou les modalité-s du faire groupe,

  • la constitution de la mémoire groupale (en particulier autour de ce que j’appellerai le « patient référence ») dans sa fonction de liaison identifiante pour l’équipe,

  • mais aussi les forces déliantes à l’œuvre, qu’elles soient déposées dans la structure même de l’organisation institutionnelle ou qu’elles émergent dans la résistance à faire équipe ou encore dans certaines modalités du faire équipe.

Le dispositif d’APP sera alors questionnée dans sa participation à ce faire groupe et à la constitution d’une mémoire d’équipe qui fasse référence pour les pratiques professionnelles.

 

Symposium 6: Famille et dispositifs thérapeutiques groupaux

 

1. Groupes de psychanalyse multifamiliale et ses effets sur les patients 

 
Shirley Viviana Matthews
Psychologue (UBA) Argentine

Ce travaille contemple mon parcours dans les groupes de Psychanalyse Multifamiliale, soit plus de dix ans d’expérience.

C’est le Professeur Docteur Jorge García Badaracco qui a créé cette méthode à Buenos Aires, il y a plus de 50 ans afin d’aborder de graves pathologies mentales. Par la suite, elle a donné lieu à une succession d’expériences de groupes ouverts et hétérogènes pour faire face aux différents besoins. Il a été rendu évident que ceux-ci constituent un dispositif groupal de soutient pour la résolution de conflits individuelles et groupaux et comme un excellent complément à diverses thérapies individuelles.

Actuellement, je participe à trois réunions hebdomadaires organisées par BabelPsi : la Multi Inter Culturelle, la première multifamiliale par internet en français-espagnol, ainsi que la multifamiliale BabelPsi-Méndez qui tient place à un hôpital polyvalent. Dans un futur proche, depuis BabelPsi, j´initierai avec une autre collègue, une multifamiliale en anglais-espagnol par internet. Je ferai référence, spécifiquement, à mon expérience dans le groupe BabelPsi-Mendéz, que je réalise depuis début 2006 en tant que psychologue, participante et observatrice des phénomènes qui se produisent dans le groupe et hors du lui. J’analyserai les effets observés chez les participants et leurs trames ainsi que sur moi comme thérapeute, patiente et personne. La Psychanalyse Multifamiliale est une méthode thérapeutique qui s’appuie sur un schéma conceptuel référentiel spécifique, c’est aussi un champ de recherche, apprentissage et de conceptualisations des potentielles thérapeutiques psychanalytiques et d´autres schémas référentiels.

 

2. Expatriation: lien de filiation ou lien d'affiliation?

Drweski Drweski
Laboratoire de psychologie clinique et psychanalyse  (PCPP (EA5046))  -
Université Paris V - Paris Descartes : EA5046
71 Avenue Edouard Vaillant 92100 Boulogne Billancourt -  France

Les formes modernes de l'expatriation et de l'immigration s'inscrivent différemment dans la subjectivité de l'individu. En effet, le model d'une rupture brutale et souvent quasi définitive que représentait l'immigration il y a encore quelques dizaines d'années tend à changer. Un nouveau phénomène émerge en lien avec une mobilité accrue qui met bien plus en jeu la question de la présence/absence. Dans ce contexte la dimension traumatique est moins présente. On voit ainsi émerger de nouvelles problématiques identitaires et identificatoires. La diversification des lieux de vie, de travail... vient interroger sur la façon dont l'individu peut vivre et subjectiver ces expériences. Dans ce sens les formes modernes de l'expatriation viennent remettre en cause une conception ontologique et définitive de l'identité (R. Kaës) pour la considérer comme un processus en changement.

Dans cet exposé, je présenterai les résultats d'une recherche de thèse menée auprès d'une population expatriée en Chine. Le but de cette présentation est ainsi de mieux appréhender les processus en jeu dans l'expatriation en lien avec les changements et les métamorphoses qui s'opèrent du fait de la mondialisation et de la modernité (mobilité, nouvelles technologies...). Dans ce contexte nous voyons l'expatriation comme un processus dynamique, une « anamorphose » (P. Benghozi, 2009) dans la construction identitaire.

Nous souhaiterions surtout mettre en exergue les implications de l'expatriation sur l'intersubjectivité. En effet, les remaniements identitaires sont fortement corrélés à la question des évolutions des liens intersubjectifs. Notre hypothèse de travail est que ces liens ne se constituent pas uniquement par rapport à la culture de référence (R. Kaës) mais que de nouvelles modalités de liens commencent à émerger, fondées sur l'expérience commune vécue. Nous souhaiterions ici montrer et analyser la spécificité de ce type de lien et de son importance dans les rapports intersubjectifs dans notre modernité. Pour ce faire nous nous appuierons sur le matériel clinique recueilli lors des entretiens de recherche.

 

3. Le groupe-famille en analyse. La mixité du symptôme : entre sujet singulier et groupe familial

 

Richard Durastante

Psychologue clinicien, Docteur en psychologie, thérapeute familial psychanalytique. Psychologue au Centre Jean Bergeret, Intervenant à la Maison des adolescents du Rhône. Psychologue au CHS Saint Cyr Mont d’Or (69). Chargé de cours Université Lumière Lyon 2
 
Christiane Joubert
Christiane Joubert - Professeur de Psychopathologie Clinique - Université Toulouse -Jean Jaurès,Thérapeute Familiale Psychanalytique ( membre de la Société Française de Thérapie Familiale Psychanalytique , de l'Association Internationale de Psychanalyse de Couple et de Famille,  Présidente d'Apsylien-Rec -LYON, Psychothérapeute Psychanalytique de Groupe ( membre de la Société Française de Psychothérapie Psychanalytique de Groupe) 
 
Entre symptôme individuel dont l’adolescent est porteur et acteur, et symptôme familial, comment faire la part des choses ? Faut-il ne prendre en charge que le sujet singulier, ou uniquement la famille, ou alternativement les uns et les autres ? y a-t-il une correspondance dans cette mixité ? A travers les conduites addictives et suicidaires chez l’adolescent qui interpellent tant l’entourage, nous essaierons de montrer que le symptôme est essentiellement groupal, et qu’il s’agit pour le jeune d’un mode de communication d’une souffrance transgénérationnelle qui ne pouvant pas se mettre en mots, ne peut que se mettre en scène. La prise en charge psychanalytique du groupe-famille permet de prendre en compte la spécificité du lien familial fragilisé par les traumatismes du générationnel, afin de desserrer l’étau des alliances inconscientes et de dégager l’adolescent de ce rôle d’intrus auquel il est depuis longtemps assigné.

 

Symposium 7: Psychologie et lien social

 

1. Pratiques en Groupe en Psychologie Communautaire

Adriana Rodrigues Domingues - Erich Montanar Franco
Universidade Presbiteriana Mackenzie  (UPM)  -
Rua da Consolação, 896 - São Paulo/SP. CEP: 01302-907 -  Brésil

Cette proposition présente les expériences qui ont été développés en Psychologie Communautaire, dans le cours de Psychologie de l'Universidade Presbiteriana Mackenzie, à São Paulo, Brésil. La Psychologie Communautaire est caractérisé par des interventions qui visent de répondre aux demandes sociales provenant des liens établis entre les sujets, leur vie quotidienne et les politiques publiques et sociales. L'objectif du cours est développer des projets d'intervention qui promouvent des processus de sensibilisation, de réflexion et de problématisation de ces demandes, en favorisant la maturation du potentiel humain, l'autonomie et la participation citoyenne des individus dans leur contexte social. Les activités prioritées sont des pratiques de groupe afin de favoriser un espaces d'interaction qui intègrent expériences, lecture critique de la réalité et action transformatrice, de sorte que les gens se reconnaissent comme constructeurs de son milieu sociale.

Les pratiques du groupe qui se sont développées dans ces projets sont les suivants: Groupe Socio-éducatif - propose des thèmes majeurs et d'intérêt commun des participants, conduisant à la recherche d'information des moyens de surmonter les problèmes; Atelier de Sociabilité - développe la sociabilité des participants et crée des situations dans lesquelles ils peuvent découvrir le respect et la coopération; Ateliers de Réflexion - est structuré à partir d'une question qui peut être travaillé avec des ressources interactifs et de réflexion, et que ils facilitent la réorganisation de leurs façons de penser, de sentir et d'agir; Cercles de Culture - aborde les questions quotidien de la citoyenneté, dans la perspective de la participation politique.

Dans toutes ces différentes pratiques, le Groupe de Conversation est un dispositif indispensable pour que le dialogue puisse avoir lieu de manière informelle et spontanée, et pour que la circulation de la parole, des regards, de l'écoute et d'affections, en lien avec les expériences partagées dans le groupe, puisse être libres. Ce dispositif favorise, par les expériences partagées et le connaissances accumulées, de nouvelles compréhensions du monde et de nouvelles façons de vivre ensemble, en remplacement de formes cristallisées et institutionnalisées avec ils sont déjà habitués. Il est sur ce dispositif qui s'agit cette proposition.

 

2. Femmes en formation , la construction d'une nouvelle identité

Sonia Yacosa 
Asociación de psiquiatría y psicopatología de la infancia y la adolescencia  (appia) 
centro hospitalario pereira rosell . montevideo -  Uruguay

Cet article présente l'application de la méthode Photolangage avec des photographies uruguayennes. Elle est proposée dans une instance de formation d'auxiliaires de services de cuisine et tisanerie des hôpitaux. Ces groupes de femmes adultes en formation sont coordonnées par une équipe pluridisciplinaire d'enseignantes qui inaugurent un nouveau centre de formation de soins infirmiers dans une zone périurbaine aux caractéristiques socio économiques critiques.

 Le Photolangage médiatise ici la prise en compte de la dimension psychique en jeux dans la construction d'une nouvelle identité professionnelle. Notre hypothèse est que le dispositif de groupe favorise l'acquisition d'une nouvelle identité professionnelle pour chacun. En produisant des asymétries qui facilitent les alliances intersubjectives, les images et les verbalisations qu'elles génèrent révèlent les assises inconscientes. Il devient possible de se reconnaître comme acteur et créateur d'une culture professionnelle du soin.

 Par l'inductions d'images pour verbaliser son positionnement en groupe les participants ouvrent des espaces créatifs et se transforme dans la diversité des identifications avec les autres. La crise du temps de la formation est reconnu, et la persévérance nécessaire à l'atteinte des objectifs redécouverte.

 L'élaboration des questions par les animatrices les confronteront à l'oscillation de fantasmes de sécurité et d'inquiétude qui transformeront le groupe. Transformation guider par l'espérance de se tenir debout face au malade avec les moyens d'exercer une tâche primaire féminine pétrit de savoirs anciens de soin.

 

3. Dispositifs groupaux à médiations favorisant, chez l'enfant, l'articulation des symbolisations primaires et secondaires

Eric Jacquet
Maître de conférence, Université Lyon 2 - CRPPC - EA 653

Il s’agit d’une réflexion visant à mettre en évidence comment certains dispositifs thérapeutiques à médiation (contes, marionnettes…), que ce soit ou non leur visée première, sont susceptibles de mettre en travail des processus psychiques à partir d’une tension que le cadre organise entre un pôle favorisant le langage sensori-moteur où prédominent les signifiants formels, et un autre pôle tirant vers la narrativité propre aux modalités plus secondaires de symbolisation. Ces dispositifs semblent particulièrement indiqués pour des enfants en difficulté d’entrée dans la phase de latence en raison de leur jeune âge ou de leur pathologie.


Symposium 8: La recherche et la construction de dispositifs

 
1. L'illusion groupale au sein d'un groupe d'adolescents : le groupe comme lieu de recherche
 
Elisangela Barboza Fernandes
- Laboratoire de Psychologie Clinique et Psychopathologie, Psychanalyse - Université Paris Descartes  (LPCPP)  - Université Paris V - Paris Descartes, ROBERT, Philippe - Directeur de thèse à l'Université Paris Descartes, ASSUMPÃO FERNANDES, Maria Inês - Directrice de thèse à l'Université de São Paulo
Institut de Psychologie – Université Paris Descartes Centre Henri Piéron 71, av. Edouard Vaillant 92774 - Boulogne Billancourt Cedex Métro Marcel Sembat -  France
- Laboratoire d'études en psychanalyse et Psychologie social - Université de São Paulo  (LAPSO)  - Av. Prof. Mello Moraes, 1721, sala 109 05508-030 - São Paulo - SP lapso@usp.br -  Brésil
 

Au sein du dispositif de groupe, les adolescents se montrent particulièrement sensibles à tout ce qui pourrait en menacer l'unité. L'instabilité narcissique propre à cette période de la vie conduit le groupe à être fortement investi par le sujet, d'où l'effort sensible des adolescents à s'accrocher à l'illusion groupale (Anzieu). Cet état exprime la tendance isomorphique (Kaës) en tant que manifestation de défense contre les angoisses primaires – telles que celles de persécution et de désubjectivation – et permet la confiance et l'investissement du « corps » groupal par les participants. Bien que nécessaire à l'instauration du processus groupal, l'illusion doit néanmoins céder place à l'expérience de l'impuissance, de la différence, donc de la capacité de symbolisation. Prenant en considération le processus de subjectivation de l'adolescent et ses inquiétudes identitaires très marquées, je partirai de l'hypothèse que l'angoisse de perte d'identité confère à cette illusion des nuances toutes particulières. Ma communication vise à reconsidérer ces aspects en discutant certains des éléments obtenus au cours de ma recherche doctorale, menée auprès d'un groupe d'adolescents brésiliens âgés de 15 à 18 ans. J'y ajouterai des considérations relatives à la spécificité des manifestations de l'illusion groupale adolescente, et ce à partir d'une réflexion critique sur la méthodologie utilisée et le cadre adopté (groupe fermé, huit séances, travail autour d'une tâche).Naturellement, cette discussion s'appuiera sur les constructions théorico-pratiques qui soutiennent la psychanalyse de groupe, notamment sur la notion d'« émergence de groupe » de Pichon et celle d'« alliance inconsciente » de Kaës, fondamentales pour la conduite des séances.Ainsi, tant grâce aux apports connexes qu'à mes approfondissements spécifiques au public adolescent concerné, je contribuerai à aborder et penser l'illusion groupale quand le groupe est le lieu même de recherche.


2. Le groupe de soignants à l'épreuve de la guerre dans le contexte syrien

Amira Karray

Maître de conférences - Université Aix-Marseille (LPCLS)

 

Dans le contexte contemporain où des guerres enclenchées paradoxalement pour la liberté et la dignité des sujets, ces mêmes guerres dénient la moindre humanité au nom de ces mêmes principes. Se pose alors souvent la question de la survie physique et psychique de la personne, et de ses conditions de possibilité. Cette question est posée à la fois par les instances et forces internationales, les défenseurs des droits de l'homme et les militants à tous les niveaux. Elle est également posée par les soignants intervenant auprès des populations sinistrées, s'accrochant à une vie rythmée au son des bombardements, au temps des enterrements collectifs, et aux aléas des ouvertures et fermetures des frontières. Dans ce contexte de crise et de guerre, ces soignants partagent les vécus, et l'effraction identitaire de la population traumatisée ce qui met au travail des mouvements contre-transférentiels intenses.

Ma communication s'inscrit dans le cadre d'une intervention dans un dispositif de soutien psychothérapeutique et de supervision auprès de personnels de soin de Médecins Sans Frontières en Syrie (médecins, sages-femmes, infirmiers, psychologues). Ces soignants sont amenés à travailler avec des sujets dans les hôpitaux et dans les camps de réfugiés, et sont eux mêmes réfugiés dans certains cas.

 Après la présentation du dispositif d'intervention à distance de MSF auprès des équipes de soin, je propose d'analyser les fonctions du groupe en contexte de guerre et de danger imminent de perte ou de mort. Je propose de montrer particulièrement comment le « je » disparaît, se retire, pour se protéger, se loger et se fondre dans le(s) « nous » compact(s) et polymorphe(s) (professionnel, citoyen syrien, réfugiés, femmes, hommes, etc.). Ce nous est seul capable de faire face au traumatisme et à l'effroi, en faisant bloc. Je détaillerai alors les caractéristiques de ce « nous » dans ses fonctions (1) de survie psychique, (2) d'organisation psychique défensive et psychosociale face à la guerre au quotidien, et (3) de communication avec le monde extérieur. A travers des bribes d'entretiens clinique où le « je » est quasi-absent, il s'agira de montrer comment le « nous », abstrait, vient à être une défense contre l'effondrement du moi, une enveloppe protectrice de la terreur de la destruction, et une « mise au repos » des processus de symbolisation, mis à mal par le traumatisme de guerre.


3. Le groupe Photolangage : construction d’un espace commun partageable chez des patients placés sous écrou

 
Magali RAVIT
Pr. de psychopathologie et psychologie clinique
Université Lyon 2 - CRPPC - EA 653
 
Cette communication propose d’interroger comment le dispositif de groupe à médiation Photolangage a pour fonction d’accueillir des formes peu symbolisées d’expérience subjective en regard des fragilités identitaires des patients hospitalisés sous écrou.La médiation utilisée dans le groupe relance les émergences sensorielles dans des cliniques où les expériences subjectives ne sont pas reconnues comme telles. Le groupe, en lien avec la médiation, a une fonction d’accueil des éléments catastrophiques restés impropres pour la pensée. L’associativité relance les expériences sensorielles précoces qui sont alors contextualisées à partir des associations proposées par et dans le groupe. Le sens de la photo utilisée comme médiation est fondamentalement ambigu, c’est là d’ailleurs tout son intérêt puisque la médiation va prendre forme et sens à partir de ce que le groupe en dira. En regard de ces pathologies, pour lesquelles le langage est celui du corps et/ou de l’acte, la méthode permet ainsi un jeu qui renforce la présence perceptive de l’objet en même temps qu’elle permet de révéler ce qui n’apparaît pas à sa surface, à savoir des vécus traumatiques que réactualisent, dans l’actuel, les conditions de vie durant l’hospitalisation et/ou l’incarcération. 
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